Finale Poitiers – Tours : une rencontre sous tension
C’est, finalement, la finale que je redoutais le plus. Elle impose à Poitiers plusieurs contraintes : l’obligation de l’emporter à tout prix pour décrocher une place en Ligue des Champions (alors que la participation était déjà acquise face à Montpellier), la difficulté d’un derby toujours tendu, la confrontation face à une équipe très expérimentée – Tours disputera sa quatrième finale de MSL consécutive – et, enfin, l’enjeu de faire face à un collectif au banc profond et tactiquement polyvalent.
Que peut-on attendre de ce match aller ?
Tout… ou rien. Les deux équipes vont s’affronter en une semaine pour la quatrième et la cinquième fois de la saison, mais au final, c’est comme si les compteurs étaient à zéro : le six majeur a toujours évolué des deux côtés depuis leurs trois premières confrontations. Poitiers a donc pour lui l’avantage psychologique (trois victoires cette saison contre Tours, dont deux en matchs officiels), l’avantage de jouer à domicile et enfin l’avantage physique non négligeable, grâce à une fraîcheur essentielle à ce niveau. En face, Tours reste sur deux matchs éprouvants en cinq sets en l’espace de trois jours, dont un marathon de 2h44 lundi, suivi de neuf heures de bus dans la nuit, une journée de récupération pour soigner les pépins musculaires, puis seulement trois jours de préparation avant la finale.
Est-ce trois arguments suffisants pour définitivement les enterrer ? Non évidemment. Comme l’a dit Ramon en conférence de presse : l’adrénaline du jour J fera oublier la fatigue. Et Tours possède un vrai banc, que le coach brésilien a su exploiter face à Montpellier, faisant entrer 11 des 14 joueurs inscrits, reposant l’aérien Strelhau (pour l’entrée du catapulteur Gergye qui joue d’avantage avec sa puissance d’épaule) pendant une manche et demie, et partiellement Porthron (pour Quiroga).
Poitiers, de son côté, ne peut plus en dire autant. L’équipe-type semble quasi-figée. Il y a toujours la solution Cowell/Hanzic dans le pire des cas mais les deux A/R n’ont pas pris part une seule seconde aux 5 derniers matchs. Canessan (bon en réception) n’apporte pas en attaque et Peter et Ngapeth sont partis. Mujanovic est le seul pointu réellement opérationnel (Pujol peut dépanner à la pointe), Byam étant juste de retour de blessure, et n’ayant pas une seconde de jeu depuis 4 mois. Au centre, seul Roatta et Michelucci tiennent la barre, Magnin et Howe étant forfaits. Dan Lewis le sait : sa fin de saison se joue sur un fil.
Poitiers a-t-il trouvé son équilibre ?
Oui. La blessure de Cowell a, paradoxalement, permis à Lewis de fixer enfin son schéma. Le trio Pujol–Thoral–Mujanovic semble avoir trouvé l’alchimie sur les 6 derniers matchs. Depuis la victoire à Tourcoing, ce trio enchaîne les prestations de haut niveau.
Depuis l’arrivée de Mujanovic, Poitiers a changé de visage. Un collectif est né. Et on se demande jusqu’où cette dynamique peut les porter. Contre les blocks de Tourcoing et Chaumont, Mujanovic a dominé, passant au-dessus des mains adverses. Face à Tours, la tâche sera difficile, mais peut-être moins que face au mur montpelliérain où j’aurai été plus inquiet. L’ancien Parisien, qui a inscrit cette saison 39 points contre Tours avec son ancien club, sait qu’il aura de nouveau des opportunités. Reste à Walsh de lui offrir la hauteur nécessaire sur les ballons.
Mais une question plane : l’état d’esprit de Mujanovic.
Comment abordera-t-il cette finale contre son futur club ? C’est une interrogation majeure, surtout pour les parieurs. Le slovène est-il capable, sur deux matchs, de priver Tours – son prochain club – d’une qualification en Ligue des Champions ? Difficile à dire. Sans aller jusqu’à saboter volontairement ses performances, il est évident que l’issue dépendra en grande partie de son implication et rendement. S’il est à 100 %, Poitiers peut clairement tirer son épingle du jeu. Sinon, la tâche se compliquera.
Et l’ambiance dans tout ça ?
La présence une nouvelle fois du speaker Yoan Crouzillat va évidemment être un gros plus puisque Poitiers a toujours gagné en sa présence. Crouzillat a su instaurer une osmose unique dans cette forteresse sur les deux dernières visites. Contre Chaumont, l’ambiance était infernale, quasi inhumaine pour les joueurs, présentateurs, supporters et encore plus pour l’adversaire notamment quand Chaumont a mené de +2 un cours instant dans le 3e set (une huée de cris à se boucher les oreilles). Le public répondra t-il autant présent par la parole et les sifflets sur tout un match, surtout si le score vient à tourner plus rapidement que prévu en faveur de Tours ?
En résumé : Que faisons nous des cotations @1,70 de chaque côté ?
Les traders ne se sont évidemment pas mouillés en plus de l’habituel TRJ horrible en Arjel. Je ne vois en aucun cas une véritable value dans un des deux camps, y compris sur Poitiers, même dans une salle pleine à craquer et survoltée. Tours arrive diminué physiquement, certes, mais mentalement, cette équipe a les ressources pour déplacer des montagnes. Les remplaçants ont déjà prouvé leur valeur, à commencer par Gergye. L’expérience des cadres à cette partie de tableau comme Coric et Nascimento représente aussi un atout non négligeable. À l’inverse, qui peut affirmer que Tours ne choisira pas de « laisser filer » ce premier match pour revenir plus fort à domicile dans une semaine et tenter de renverser la série ? À une cote au dessus de @2, j’aurais peut-être envisagé de tenter Poitiers comme Tours dans l’autre sens. Mais à @ 1,70, je passe clairement mon tour… sauf retournement du marché d’ici vendredi.
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