Match d’ouverture : Philippines – Tunisie, un choc déséquilibré sur le papier
Pour le match inaugural de ce Championnat du monde, les Philippines, classées 82e au classement FIVB, auront l’avantage de jouer à domicile, devant plus de 9 000 spectateurs attendus. La deuxième moins bonne nation de ce Championnat du monde (au ranking FIVB) est dans l’attente de cet événement, préparé depuis des mois avec ferveur.
En face, la Tunisie, 43e mondiale, aborde ce premier rendez-vous avec le lourd statut de favorite. Un classement qui, s’il ne reflète pas pleinement la qualité de cette équipe, reste révélateur d’un certain niveau. La vraie interrogation portera surtout sur leur capacité à gérer la pression d’un tel match, eux qui, pour la plupart, n’ont jamais évolué devant une foule aussi importante. Leur préparation s’est faite face à des adversaires modestes : trois matchs contre la Libye (2 victoires, 1 nul), puis deux autres contre la Corée du Sud (1 victoire, 1 défaite). Pas de véritable opposition de haut niveau pour tester leur solidité.
Démarrer un tournoi face au pays hôte est souvent piégeux. On a vu des équipes se faire surprendre par l’ambiance, l’enjeu, et la fougue adverse. Les Philippins joueront à fond leur rôle d’outsiders, surtout après trois matchs amicaux plutôt encourageants cet été au Portugal.
Des profils atypiques et un défi physique
L’équipe philippine est, globalement, de petite taille. Les réceptionneurs/attaquants convoqués mesurent entre 175 et 195 cm. La paire Espejo (189 cm) – Bagunas (195 cm) pourrait logiquement débuter à l’arrière à moins que Ramirez (désigné comme second pointu alors que c’est un attaquant-receptionneur de base) ne débute. Ce sont les trois profils les plus complets : solides en réception, avec la meilleure détente et des qualités offensives indéniables, même si leur jeu reste parfois prévisible (tout en force, peu de finesse et précision).
Le sélectionneur a surpris en intégrant Lorenzo — libéro de formation — parmi les attaquants-réceptionneurs. Une décision discutable, d’autant que deux libéros de métier figurent déjà dans les 14. À mes yeux, il ne jouera pas une minute, et cela représente un choix de sélection difficile à justifier, sachant que d’autres profils auraient pu prétendre au poste.
Les deux passeurs font 182 cm, tandis que les trois centraux disponibles oscillent entre 188 et 195 cm. L’absence de Mamone (198 cm) pourrait peser lourd au centre. Cela obligera probablement Josafat (188 cm) à être titularisé sur certaines rotations poste 3, ce qui risque de faire mal, notamment quand il devra faire face à Kadhi ou Ben Taher côté tunisien de plus de 200cm. Aucun joueur philippin ne dépasse les deux mètres, un désavantage évident dans le jeu au filet.
Un trio fort, mais un bloc fragile
Il y a néanmoins de la qualité dans cette équipe philippine. Le trio Espejo – Bagunas (ou Ramirez) – Ordiales représente la meilleure chance offensive du pays. Ordiales, remplaçant de Rotter (non convoqué, absence préjudiciable également), est un pointu rapide, vif, qui a une très belle allonge et qui est capable d’enchaîner les attaques en 1 vs 1. Mais le problème reste le même : le bloc philippin est quasiment inexistant. Et face à une équipe tunisienne bien plus solide physiquement, cela risque de ne pas pardonner.
La Tunisie, elle, est plus complète dans tous les secteurs, notamment à la passe, avec un jeu plus structuré et une défense au bloc bien plus efficace. On parle beaucoup de Retamar côté philippin, annoncé comme un futur Nikolov. Mais pour l’avoir vu jouer, il est encore trop hésitant dans ses choix et manque de régularité. Ben Slimane est bien plus expérimenté et régulier à son poste.
L’avantage de taille est aussi largement en faveur des Tunisiens, dans tous les secteurs, sur tous les duels. La lutte au filet risque d’être particulièrement compliquée pour les locaux.
Une réception cruciale et une régularité au service pour espérer
Si les Philippines veulent avoir une chance, tout passera par un taux de réussite important au service (énormément de fautes à ce niveau) et une réception parfaite — leur point fort actuel (bien aidé par un super libero Ybanez sous coté d’une aide magistrale) et une transition offensive rapide pour tenter de surprendre le bloc adverse. Sinon, les Tunisiens auront de nombreuses balles de relance pour conclure les points.
J’ai envie de croire que les Philippins, portés par l’énergie de leur public, sauront se dépasser et livrer une prestation pleine d’engagement. Ils pourraient bien poser quelques problèmes à leur adversaire, comme par exemple accrocher un set ou au moins rester au contact au tableau d’affichage. Ce scénario n’a rien d’impossible, surtout au vu de l’intensité et de la combativité que cette équipe asiatique a su montrer par moments.
Mais sur la durée, leurs limites pourraient rester trop évidentes. L’alchimie collective manque encore de solidité, et le nombre d’erreurs techniques pourrait demeurer bien trop élevé pour espérer un véritable exploit.
Alors oui, tout reste possible dans ce sport où les dynamiques peuvent basculer très vite. Mais en l’état, difficile d’imaginer autre chose qu’une belle résistance, sans pour autant entrevoir un renversement improbable.
Enjeu double : classement et qualification
Au-delà du match, les enjeux sont importants : une défaite ferait perdre à la Tunisie 5 à 6 places au classement FIVB et compromettrait sérieusement ses chances de qualification pour une équipe normalement attendue en 1/8e de finale. Pour les Philippines, une victoire permettrait de grimper entre la 73e et la 77e place — un bond significatif pour une équipe en apprentissage sur la scène mondiale et en quête de reconnaissance.
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