Un déséquilibre sous-estimé à l’ouverture
Je dois avouer ma surprise de voir les Pays-Bas et la Roumanie cotés si équitablement à l’ouverture du marché. Cette parité semble difficilement justifiable au vu du contexte actuel. Peut-être les traders se sont-ils appuyés sur les récents résultats encourageants des Roumains en Golden League face à des adversaires tels que la Croatie, la Tchéquie, le Portugal ou encore l’Espagne. Mais il faut le rappeler : ces équipes étaient très souvent composées de formations B, donc loin d’être révélatrices de leur réel niveau, malgré une belle campagne roumaine.
Peut-être aussi les 5 balles de set obtenues par la Roumanie dans le premier set face à la Pologne samedi ont-elles pesé dans l’évaluation. C’est possible. Pourtant, malgré un score que certains jugeront serré, il n’y avait pas réellement match sur le terrain. L’écart de niveau était net. La Pologne a simplement mal démarré son match, sans doute freinée par la pression et le stress, multipliant les erreurs (26 erreurs sur 66pts Roumains). On peut aussi supposer que les Polonais manquaient de repères sur cette équipe roumaine, ce qui expliquerait la confusion d’un côté et la réussite opportuniste de l’autre.
Ceci dit, il faut reconnaître que la Roumanie dispose de sérieux atouts offensifs, notamment avec Aciobanitei, Bala, Peta et Chitigoi. Mais l’absence du pointu Rata, joueur à la détente spectaculaire et au bras gauche impérial, beaucoup plus régulier qu’Ionescu, est une perte énorme. Et au-delà de ce manque, c’est surtout en réception que les Roumains souffrent, comme souvent.
Aciobanitei reste la seule valeur sûre dans ce secteur. Il fait son retour en sélection après un été de repos bienvenu, et sera indiscutablement titulaire. À ses côtés, aucun réceptionneur ne s’impose avec la même régularité que lui. Péta est en nette progression c’est vrai mais il a encore à démontrer. Le jeune Chitigoi (20 ans), qui évolue en Pologne, pourrait être la révélation à venir mais il n’a même pas été aligné contre la Pologne. Est-ce une stratégie du sélectionneur pour le préserver face aux Néerlandais ? Cela reste à voir.
Côté néerlandais, une progression constante
Les Pays-Bas, eux, ont tenu leur rang face à une équipe du Qatar accrocheuse, qui bénéficie d’une belle cohésion. Comme attendu, ce ne fut pas une victoire facile, mais l’essentiel a été assuré grâce à la puissance du tout nouveau trio Ahyi – Tuinstra – Koops.
Longtemps ultra-dépendants de leur star Nimir Abdel-Aziz, les Néerlandais semblent depuis début d’année avoir trouvé une nouvelle dynamique collective, particulièrement visible cette année en VNL. L’émergence de Koops, jeune attaquant-réceptionneur bourré de talent, arrive à point nommé dans une sélection qui cherchait depuis longtemps un vrai R4 capable de s’imposer. Les Van Garderen, Ter Horst, Andringa, Tuinstra ou même Jorna qu’on a connu au jeu des chaises musicales sur les deux postes de R4 ont souvent joué dans l’ombre du surpuissant Nimir, qui accaparait la majorité des ballons.
Cette année, le schéma de jeu a été repensé, redistribuant les responsabilités de manière plus équilibrée. Il n’y a plus de joueur unique à qui on doit impérativement faire appel. Ahyi, désormais pointu n°1, s’en sort vraiment bien en succédant à Nimir et Ter Maat.
Une Roumanie diminuée, un collectif en recherche
Outre l’absence de Rata, véritable leader offensif et meilleur marqueur de la ligue roumaine, la Roumanie doit aussi composer sans plusieurs éléments clés. Ionescu, qui le remplace, manque de détente, d’aisance et de variété dans ses choix. Balean, quant à lui, reste un attaquant-réceptionneur qu’on « bricole » en pointu depuis plusieurs années, sans grand succès. Je ne suis vraiment pas emballé par ces deux joueurs à un poste aussi important.
La non-présence de Câlin (central) est aussi un manque, lui qui avait été décisif à l’Euro 2023 face à la France. Il est remplacé par Lupu et Budnaru. Et enfin, l’absence de Diaconescu – probablement le meilleur libero roumain actuel sur le marché avec 65 % de réceptions positives cette saison – est particulièrement dommageable. Kosinski et Kantor, ses remplaçants, ont affiché des statistiques beaucoup plus faibles (respectivement 55 % et 48 %) en championnat, insuffisantes à ce niveau.
Face à la Pologne, on a senti un collectif en perpétuelle recherche, multipliant les changements, comme si le sélectionneur n’avait toujours pas trouvé sa véritable ossature.
Cote initiale trop haute pour les Néerlandais
Compte tenu de ces absences majeures côté roumain, je trouve que la cote d’ouverture en faveur des Pays-Bas était un peu haute. Cette 19e nation mondiale mérite normalement son statut de favorite face à la 21e. J’avais anticipé une sortie de cote aux alentours de @1,50. Obtenir une cote à @1,74 me semble donc offrir une vraie value.
Même s’il manque plusieurs cadres hollandais de l’ancienne génération (sans oublier Parkinson notamment au centre), ossature est très homogène, il n’y a pas de secteur en difficulté, je m’attends à voir un jeu hollandais plus fluide, plus structuré, là où le jeu roumain risque de dépendre presque exclusivement d’Aciobanitei. La pression hollandaise mise au service pourrait être la clé face à, normalement, une moins bonne réception. Les Néerlandais cibleront-ils Aciobanitei pour l’épuiser et le priver de bons ballons ? Ou viseront-ils plutôt les liberos plus fragiles ou un réceptionneur secondaire comme Chitigoi que j’ai pourtant hâte de voir éclore sur la scène mondiale ?
Conclusion
Il est évidemment impossible de prévoir précisément le scénario du match, mais il serait surprenant que cette équipe néerlandaise, en pleine progression et « entraînée » à jouer bien plus forte qu’elle lors de la campagne VNL 2025, échoue au pied du mur face à une Roumanie normalement inférieure et plus diminuée qu’à l’accoutumée, pour une place en 1/8e de finale.
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